Action du 5 juin 2005



Dimanche 5 juin 2005


À l'occasion de l'anniversaire du premier mariage en France de deux personnes de même sexe (célébré par Noël Mamère le 5 juin 2004 à Bègles), et également afin de protester publiquement contre la dérive dénotée par la récente affaire du mariage à Rueil-Malmaison entre Camille et Monica (qui a entraîné un abus de pouvoir inadmissible de la part du Procureur de la République de Nanterre), TaPaGeS se rallie à un appel national en manifestant à 11 h devant l'Hôtel de Ville de Strasbourg. Nous sommes une quinzaine, et des personnes venues à notre soutien par solidarité (notamment de la part de la LCR), portent à une trentaine notre nombre total.

Nous déployons une grande banderole disant "Non à l'homophobie/transphobie d'État", nous distribuons des tracts expliquant nos revendications, nous arborons et scandons des slogans réclamant la fin de l'homophobie et transphobie exercées par l'État français, et l'égalité en tous droits des personnes LGBT. Associés à notre appel à rassemblement, les groupes Émergence 67 et Support Transgenre Strasbourg prennent la parole devant le public (nombreux ce jour-là à cause d'un marché aux arts se tenant sur les lieux), et une prise de parole de TaPaGeS conclut la manifestation.

Le hasard fait qu'au même moment et au même endroit, le Club de la Presse de Strasbourg tient un rassemblement rappelant les 150 jours de l'enlèvement de Florence Aubenas et Hussein Hanoun, ce qui nous assure l'attention d'une bonne partie de la presse locale et régionale venue sur les lieux. La mairesse de Strasbourg, Fabienne Keller, est également présente sur les lieux, invitée par le Club de la Presse, mais nous évite. Nous facilitons son allocution aux journalistes par le prêt de notre mégaphone, et en échange, nous l'interpellons sur sa position face au mariage LGBT. Réponse évasive, comme c'était à prévoir... Après avoir scandé nos slogans une dernière fois, nous plions bagage. La presse locale se fait l'écho dès le lendemain de notre action.



Tract


NON À L'HOMOPHOBIE ET À LA TRANSPHOBIE D'ÉTAT


A priori le mariage ce n'est pas notre truc. Il a toujours été l'un des instruments de l'oppression des femmes, oppression encore vécue au quotidien par desmillions d'entre elles.

Et puis on se rêve d'autres vies, d'autres associations, plus libres et moins normées que le passage à deux devant monsieur/madame le/la maire… On se rêve… parce qu'en fait on se débrouille comme on peut, on n'est pas "déjà libéréEs" dans un monde d'oppression. On tâtonne, on cherche, on essaie. On ne s'érige pas en modèles. Tout ça ce sont des choix.

Comme celui de se marier : un choix volontaire ou un choix nécessaire. Car le mariage ouvre des droits (avec des conséquences très concrètes, entre autres, pour les sans-papiers, les malades…).

Un choix, donc. Sauf que si là, justement, l'envie nous prenait de se marier entre pédés, entre gouines, avec des trans' gouines, des trans' pédés, des trans' hétéros… on ne pourrait pas.

Pas le droit, dit la loi. Pas le droit, dit Chirac. Pas le droit, dit le parlement. Pas le droit, répète la justice…

Nous exigeons le droit de pouvoir nous marier ou non !

Il y a un an, à Bègles, se célébrait le premier mariage d'un couple de même sexe en France. La plupart des politiques, des ordres religieux, des psys se sont excités : "différence des sexes, ordre symbolique, la nature, pays pas prêt, prendre le temps du débat", etc. Cette homophobie raffinée faisait écho à l'homophobie épaisse des groupes fascisants qui s'exprimaient devant la mairie de Bègles le 5 juin dernier. Toutes deux sont chaque jour légitimées, légalisées par la loi : le mariage de Bègles a été annulé par la cour d'appel de Bordeaux en avril dernier.

Il y a quelques jours, le procureur de la République de Nanterre a fait opposition au projet de mariage entre Camille (transexuelle opérée, devenue femme pour l'état civil en 1999) et Monica (transexuelle non opérée et homme pour l'état civil) y voyant une "absence de projet matrimonial". Au moins c'est clair : la justice assume sa transphobie sans pudeur ! Et elle ne lésine pas sur la bêtise, les dénis de droit, les réflexes policiers pour ce faire !

Nous interdire le droit au mariage c'est entériner la discrimination d'État à l'égard des personnes lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT) ! C'est signifier l'infériorité en droit et en fait des LGBT : des sous-citoyenNEs... C'est encourager la haine homophobe, lesbophobe, biphobe et transphobe quotidienne, celle qui nous insulte, qui nous humilie, qui nous suicide voire qui nous tue. C'est souscrire aux privilèges de la "personne hétérosexuelle" !

Et nous sommes pour l'abolition des privilèges !

Alors, nous exigeons immédiatement :

- Le droit au mariage civil pour les couples de même sexe ; l'extension aux couples homosexuels de l'ensemble des avantages (sociaux, fiscaux, séjour…) dont bénéficient les couples hétérosexuels ; l'égalité des droits entre les différents statuts civils et fiscaux : PaCS, mariage, concubinage et célibat.
- L'accès à la procréation médicalement assistée et à l'adoption quelles que soient l'orientation sexuelle, l'identité de genre ou le statut marital du/de la ou des demandeurEs.
- La simplification de la procédure de changement d'état civil pour les trans' (transsexuelLEs et transgenres) qu'elles ou ils soient opéréEs ou non.
- La suppression de toute mention relative au sexe sur les papiers d'identité et documents administratifs.

C'est le droit à l'égalité pleine et entière que nous défendons en participant, aujourd'hui, à ce rassemblement. Le droit au mariage pour les personnes LGBT en est l'une des conditions !



Communiqué de presse


Symboliquement, un an après le mariage (depuis annulé) de Bègles et à l'appel d'associations Lesbiennes, Gays, Bi et Trans'*, de partis politiques et de syndicats*, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées, ce dimanche 5 juin, devant l'Hôtel de Ville de Strasbourg, place Broglie, à 11H.

Elles entendaient protester contre l'homophobie et la transphobie d'État (à l'œuvre encore récemment : mariage refusé par le procureur de la République de Nanterre à Camille et Monica, deux trans', sous prétexte d'"absence de projet matrimonial") et militer pour l'égalité des droits pleine et entière.

La maire de Strasbourg, Fabienne Keller, présente sur les lieux, a refusé de participer au rassemblement et s'est retirée lors des prises de parole de représentantEs d'Émergence 67 (Groupe lesbien, gay, bi et trans d'Alsace), de STS (Support Transgenre Strasbourg) et de TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg).


* Émergence 67 (Groupe lesbien, gay, bi et trans d'Alsace), FestiGays, STS (Support Transgenre Strasbourg), TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg).
** LCR 67 (Ligue Communiste Révolutionnaire), SUD PTT Alsace, Les Verts Alsace.



Photos de l'action







URL de cette page : http://tapages67.org/_pages/actions/act_20050605.html

Copyright © TaPaGeS 2007