Action du 17 mai 2008



Dimanche 18 mai 2008


TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg) a participé ce samedi au rassemblement initié par La Lune à 17 h place Broglie à l'occasion de la Journée Internationale de Lutte contre l'Homophobie dont le thème était, cette année, la lesbophobie.



Communiqué de presse



La gouine invisible
(n’est pas la femme de l’Homme invisible)



Cette année, le 17 mai, Journée Internationale de Lutte contre l'Homophobie est placée sous le thème de la lesbophobie.
Lesbophobie : la haine des gouines et de celles qui leur ressemblent.

En 2008, en France, la visibilité des lesbiennes reste un problème.
Difficile de prendre la parole en tant que gouine.
Difficile de porter des revendications spécifiques.
Difficile de se faire entendre au sein de la mouvance LGBTI.
Impossible de voir nos revendications relayées.
Aujourd'hui, les seules lesbiennes acceptables, fréquentables, relayées par les média, c'est celles qui sont mères ou celles qui s’encanaillent avec une femme avant de revenir vers les hommes (ouf !)

La lesbophobie, c’est les meurtres.
Les viols.
Les coups.
Le mépris.
La pauvreté, résultat de la domination économique des femmes.
La haine institutionnalisée par l'Église, l'État, certains psys.
C’est aussi, plus sournoisement, le déni pur et simple de notre vécu.
En France et ailleurs dans le monde.
C'est aussi cette injonction normative : nous devons rester des femmes, pour les hommes.
Dominées par les hommes.
Les « fugitives » (nous sommes comme des esclaves en fuite de la classe des « Femmes », selon l’expression de Monique Wittig dans La Pensée Straight) seront punies.
Au mieux silencieuses, au pire mortes.


La colère des gouines, pourtant, devrait être immense.
À la hauteur de leur haine, eux qui voudraient nous faire ravaler notre fierté à coups de bottes parce que nous assumons le bonheur de nos vies sans hommes.
À la hauteur de leur vanité et de leur paternalisme, eux qui veulent nous convaincre qu’on n'a pas « rencontré le bon mec ».
À la hauteur de leur imbécillité, eux qui nous demandent, toujours et encore, « qui fait l'homme ».
À la hauteur de leur violence, elles et eux qui veulent nous marquer au fer rouge de leur conception hétéronormée de la féminité.
À la hauteur de leur outrecuidance, eux qui entendent nous imposer un « référent masculin » jusque dans nos projets d'enfants, en nous refusant l'accès à la PMA, faisant de nous des hors-la-loi de la maternité sans homme.
À la hauteur du mépris des labos, qui jamais ne proposent de campagnes spécifiques à nos besoins de santé. Nous qui, parce qu'on nous a toujours dit qu'une femme sans homme n'avait pas besoin de gynécologue, négligeons de nous faire dépister, nous exposant au cancer du sein et de l'utérus, fléaux de notre « communauté ».
À la hauteur du mépris des labos encore, qui, bien que le VIH touche en première ligne les femmes, continuent d'axer leur recherche sur les besoins des seuls hommes.
À la hauteur du cynisme de l'État qui voudrait éparpiller notre conscience politique : nous sommes gouines, mais aussi « femmes », trans', chômeuses, intersexe, sans-papiers, séropositives, putes, toxicomanes, victimes de racisme, victimes de sexisme.

Une gouine en colère, on ne la montre jamais que pour la condamner.
N'est-elle pas la honte de son sexe, si doux, si pondéré ?
Mais notre colère est notre force : c'est elle qui nous donne l'énergie nécessaire à notre survie.

La lesbienne féministe noire Audre Lorde écrivait en 1977 : « Notre silence ne nous protègera pas ». Que nous décidions de nous battre pour changer la société qui nous oppresse ou que nous nous terrions muettes de peur au fond du placard, la violence de l’oppression est la même.
Notre silence ne les empêchera pas de nous piétiner.
Notre colère si.


Alors n’esquivons pas le combat.
Désobéissons aux ordres qui nous imposent le silence et l'invisibilité !
Refusons le système qui nie notre existence.
Imaginons un monde débarrassé de l’oppression capitaliste et hétéropatriarcale.
Refusons qu’il nous renvoie pour tout horizon une image de nous destinée à rassurer les hétéros.
Faisons peur ! Faisons en sorte que la peur change de camp.
Soyons revêches, méchantes, opiniâtres.
Faisons désordre.
Rêvons bruyamment d'un monde qui ferait plus que nous tolérer.
Et ne nous contentons pas d’en rêver…



TaPaGeS, le 18 mai 2008
Transpédégouines de Strasbourg




Photos de l'action


 





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