Action du 17 mai 2009



Dimanche 17 mai 2009



TaPaGeS s'est joint au rassemblement qui s'est tenu ce dimanche 17 mai place Kléber à Strasbourg, à l'initiative de STS, à l'occasion de la 5ème Journée Internationale de lutte contre l'Homophobie. Le rassemblement a réuni une cinquantaine de militantEs. Outre TaPaGeS, STS, La Lune, OtR, AIDES et FestiGays ont pris la parole.




CETTE COMMUNAUTÉ QUI VIENT...


Il y a un an, Rama Yade, devant les Nations Unies, lançait un appel solennel à la dépénalisation de l'homosexualité.
Comme d'habitude, la France donnait des leçons au monde entier et surfait sur sa légende obscène de pays (colonial) des droits de l'homme (blanc) !
Tandis que Yade communiquait un peu partout sur la tolérance progressiste du pouvoir français, le gouvernement montrait son vrai visage en se drapant d'un progressisme de façade au sujet d'un statut parental ouvert aux familles homoparentales (en réalité l'aménagement cosmétique d'un droit existant depuis des années), avant de reculer frileusement et de renvoyer le vote de la mesurette aux calendes grecques.

Il n'y a pas là de contradiction, juste le cynisme sarkozyste. Il s'agit toujours, au final, de confirmer l'ordre des puissants et, en l'occurrence, de consolider le patriarcat et l'hétérosexualité obligatoire. Car quels que soient les reculs concédés, rien ne doit, pour ce pouvoir, être donné qui puisse en profondeur favoriser l'égalité. Les transpédégouines restent des êtres inférieurs en droit. Les rares avancées claironnées sont suspectes voire dangereuses : ainsi ces derniers jours, les effets de manche opportunistes de la ministre de la Santé ne doivent pas cacher le renforcement de la tutelle médicale sur les trans' au lieu de la démédicalisation de la transidentité.

Cette inégalité de la Loi a des conséquences directes, quotidiennes. Le dernier rapport de SOS Homophobie l'écrit : les discriminations, agressions et crimes homophobes sont ici en hausse. L'État en désignant comme sous-citoyenNEs une partie de la population donne une traduction politique encourageante à la violence quotidienne dont nous sommes les victimes. Une violence incessante lovée dans les institutions, qui nous exclut du mariage, de la parentalité, du don du sang, et nous expulse parfois dans une de ses innombrables rafles qui constituent la vie courante du pouvoir français.

Mais la France, pays (colonial) des droits de l'Homme (Blanc), si elle est diserte aux Nations Unies, pour sa campagne marketing, sait aussi être discrète lorsqu'il faudrait qu'elle parle pour mettre ses amis en cause.
Et elle a beaucoup d'États amis, à commencer par le Vatican et son patron !

La Journée Internationale de lutte contre l'Homophobie vient rappeler combien la vie des transpédégouines est difficile et menacée partout dans le monde. Être pédé, gouine, trans', bi, intersexe, séropo, c'est connaître l'insulte, la discrimination, le placard, l'agression, la prison, la mort...

Être pédé, gouine, trans', bi, intersexe, c'est toujours, à des degrés divers, vivre, dans la violence et la haine.

Mais être pédé, gouine, trans', bi, intersexe, c'est aussi avoir fait l'expérience de l'affranchissement de la place ou du genre qui nous était assignée, de la fonction sociale décrétée.
Se sentir fierE en s'arrachant à la vie qui nous était destinée.

Cet affranchissement qu'il faut conquérir (et reconquérir) nous fragilise, nous pousse parfois au suicide.
CertainEs y renoncent, placardiséEs. D'autres sont contraintEs à la ruse, à la clandestinité.

Mais il est aussi et simultanément une force, notre force : la découverte que la fatalité n'est qu'une idéologie.
Ce que nous ne sommes pas devenuEs individuellement, il devrait être possible de le déplacer à l'échelle collective.
Nous ne serons pas ce qu'ils souhaitent faire de nous : une communauté apeurée et achetée, soucieuse de ses seuls intérêts (nationaux).

Cela suppose que nous soyons fierEs d'être ce que nous sommes devenuEs mais aussi fierEs de ce que nous allons devenir, ensemble.
Ce devenir qui naît de nos résistances est nécessairement soucieux de ce qui se passe ailleurs. Il sera internationaliste, c'est-à-dire militant pour une solidarité inconditionnelle entre égaux/-ales, pour un soutien sans relâche aux mouvements de lutte qui, pays par pays, tentent d'obtenir quelques droits, parfois seulement celui de vivre. Et nous songeons tout particulièrement ce jour à nos sœurs moscovites réprimées hier lors de leur opiniâtre et courageuse tentative d'organisation d'une Marche des Fiertés.

Aucune fierté émancipatrice ne naît d'un repli sur ses seuls intérêts.
La nôtre sera tissée de l'expérience de touTEs et de chacunE, de l'histoire avec ses défaites de nos solidarités, des victoires à venir, des improbables contacts, des merveilleuses rencontres, des soutiens à des amiEs inconnuEs, anonymes, lointainEs, aux seuls motifs qu'ils/elles subissent, pour leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, la violence de leur État.

La fierté, collective, est toujours en rupture avec les normes édictées par l'État.
Notre journée internationale de lutte contre l'homophobie n'attend en conséquence rien de lui.
Elle essaie de construire un rapport de forces durable et pour cela d'amorcer cette communauté qui vient : combattante, internationaliste, aussi déterminée à la défense des droits des transpédégouines que les États le sont à la consolidation du patriarcat.



TaPaGeS, TransPédéGouines de Strasbourg, le 17 mai 2009



Photos de l'action


 





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