Communiqué de presse



Mercredi 16 juillet 2008



POLICE POLITIQUE
Imaginons un pays... (Petit poème glauque)



Imaginons un pays où le gouvernement, en moins d'un an, aurait réussi à casser le Code du Travail.
Imaginons que, dans ce pays, des syndicalistes, des militantEs politiques, des salariéEs, s'en émeuvent.
Imaginons que, pour cela, ils et elles soient désormais, en toute légalité, fichéEs.

Imaginons un pays où le gouvernement, pendant un an, aurait mené une guerre sans relâche contre les pauvres au profit des plus riches ; une politique de stigmatisation et d'humiliation des quartiers populaires, de la jeunesse.
Imaginons que, dans ce pays, des syndicalistes, des militantEs politiques, des salariéEs, des personnes précaires et pauvres, des jeunes s'en émeuvent.
Imaginons que, pour cela, ils et elles soient désormais, en toute légalité, fichéEs.

Imaginons un pays où le gouvernement, en moins d'un an, aurait entrepris de détruire (avec succès) ce qu'il restait des services publics de santé (hôpitaux), d'éducation (écoles, collèges, facs), de justice et de culture.
Imaginons que, dans ce pays, des syndicalistes, des militantEs politiques, des salariéEs, des personnes précaires et pauvres, des jeunes, des profEs, des étudiantEs, des parentEs, des magistratEs, des artistes, s'en émeuvent.
Imaginons que, pour cela, ils et elles soient désormais, en toute légalité, fichéEs.

Imaginons un pays où le gouvernement aurait décidé de punir les malades, de les faire payer pour leurs maladies.
Imaginons que, dans ce pays, des syndicalistes, des militantEs politiques, des salariéEs, des personnes précaires et pauvres, des jeunes, des profEs, des étudiantEs, des parentEs, des magistratEs, des artistes, des malades, s'en émeuvent.
Imaginons que, pour cela, ils et elles soient désormais, en toute légalité, fichéEs.

Imaginons un pays où crèveraient de peur les individus sans-papiers au point de se pendre, de sauter par la fenêtre à la vue des flics ; où l'on raflerait les enfants de parents sans-papiers à la sortie des écoles.
Imaginons que, dans ce pays, des syndicalistes, des militantEs politiques, des salariéEs, des personnes précaires et pauvres, des jeunes, des profEs, des étudiantEs, des parentEs, des magistratEs, des artistes, des malades, des militantEs associatifs anti-racistes s'en émeuvent.
Imaginons que, pour cela, ils et elles soient désormais, en toute légalité, fichéEs.

Imaginons un pays où une femme* qui y vivrait depuis 15 ans, à deux doigts de la mort, soit bientôt livrée à la vengeance politique de l'appareil d'État de son pays natal.
Imaginons que, dans ce pays, des syndicalistes, des militantEs politiques, des salariéEs, des personnes précaires et pauvres, des jeunes, des profEs, des étudiantEs, des parentEs, des magistratEs, des artistes, des malades, des militantEs associatifs anti-racistes, pour les Droits de l'Homme s'en émeuvent.
Imaginons que, pour cela, ils et elles soient désormais, en toute légalité, fichéEs.

Imaginons un pays où, tous les trois jours, une femme mourrait sous les coups de son compagnon, un pays où les femmes continueraient à n'être pas les égales des hommes, opprimées salarialement, physiquement, idéologiquement ; un pays où les trans', les gouines, les pédés n'auraient pas les mêmes droits dans la Loi que les personnes hétérosexuelles.
Imaginons que, dans ce pays, des syndicalistes, des militantEs politiques, des salariéEs, des personnes précaires et pauvres, des jeunes, des profEs, des étudiantEs, des parentEs, des magistratEs, des artistes, des malades, des militantEs associatifs anti-racistes, pour les Droits de l'Homme, féministes, homosexuelLEs et trans' s'en émeuvent.
Imaginons que, pour cela, ils et elles soient désormais, en toute légalité, fichéEs.

Au motif qu'ils et elles, chacun et chacune, pourraient, potentiellement, porter atteinte à l'ordre public.

Cessons d'imaginer.
Ce pays, nous y sommes, nous y vivons.
Ce fichier s'appelle EDVIGE et il permet de compiler toutes les notes de renseignements telles que : état civil, photographie mais aussi fréquentations, comportement, déplacements, appartenance ethnique, vie sexuelle, opinions politiques, philosophiques, religieuses, appartenances syndicales et associatives.

TaPaGeS est signataire de l'appel « Pour obtenir l’abandon du fichier EDVIGE » : http://nonaedvige.ras.eu.org/.

TaPaGeS conseille à toute personne qui lirait ce communiqué de presse, si elle a plus de 13 ans, de signer l'appel : il se pourrait bien qu'à lire ce type de texte, même par hasard, elle soit bientôt considérée comme potentiellement à même de porter atteinte à l'ordre public et par là, en toute logique policière, fichée.


TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg), le 16 juillet 2008



* Marina Petrella : www.paroledonnee.info






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