Communiqué de presse



Dimanche 22 mai 2005


TRANSPÉDÉGOUINES, NOUS NE SERONS PAS LES ALIBIS PROGRESSISTES D'UNE CONSTITUTION RÉACTIONNAIRE ET LIBÉRALE !


Mais comment peut-on donc encore être Lesbienne, Gay, Bi et Trans (LGBT) et voter NON le 29 mai prochain ?

Il n'est plus possible de douter : celui/celle qui votera NON, le 29 mai prochain est un cas. Pathologique et clinique. D'ailleurs existe-il/elle encore ? Visiblement oui au vu de la propagande redoublée de ces derniers jours…

Mais comment se peut-il ?

Car enfin cette Europe pour laquelle il faudra voter "vingt-cinq fois OUI" (T. Doustaly, Têtu, juin 2005) nous est présentée comme un véritable petit paradis pour les personnes LGBT. Le 29 mai, l'Europe rase gratis : finies les discriminations, enfin l'Europe de l'égalité, du respect de la différence, de la démocratie… Si c'est pas chouette, ça ! Une Europe toute rose avec un immense rainbow flottant au vent et nous, au milieu, heureux/ses, libres, égaux/les…

De toute manière, c'est simple :
Voter NON c'est être pour la guerre et contre la prospérité, nationaliste et rétrograde.
Voter NON c'est être contre la solidarité, la justice.
Voter NON c'est voter contre de réelles et belles avancées pour les LGBT, c'est donc voter contre soi.
Voter NON c'est voter comme Boutin, Le Pen et de Villiers.

Tu hésites encore ?
IdiotE ! Ne vois-tu pas ces sondages scientifiquement irréprochables qui te montrent bien que tu es (presque) seulE et ridicule avec ton NON passéiste ?
Tu doutes encore ?
Égoïste ! N'entends-tu pas les voix de tes frères et sœurs LGBT qui, de toute l'Europe, te conjurent de voter OUI ?
Tu résistes encore ?
IngratE ! N'écoutes-tu pas les voix autorisées de tes représentantEs auto-désignéEs qui s'adressent à toi et se "font un devoir" de t'expliquer ce qu'il faut voter, quand ils ne parlent pas directement en ton nom ? (Voir Libération, 28/03/2005)
La messe est dite : un "LGBT-normal" vote OUI. Un point c'est tout.


Seulement voilà, certainEs, dont nous sommes, le 29 mai, s'obstineront à voter NON !

Transpédégouines, nous ne serons pas les alibis progressistes d'une constitution fondamentalement réactionnaire et libérale !


Les arguments de la propagande du OUI se concentrent sur trois points :

- L'intégration de la "Charte des droits fondamentaux".
Très beau texte.
Certes déjà avalisé par le Traité de Nice, en 2001, mais pourquoi mégoter…
Certes, l'identité de genre n'y est pas reconnue et les trans' ne sont donc pas concernéEs…
Certes, à la fin du texte, l'article 21 de l'acte final (p. 176) nous informe que l'article II-81 relatif à la non-discrimination "(...) ne concerne que les discriminations qui sont le fait des institutions et organes de l'Union" - pas celles, nationales, qui continueront à régir notre vie.

- Le principe de non-discrimination (Art. III-124) : "une loi ou loi-cadre européenne du Conseil peut établir les mesures nécessaires pour combattre toute discrimination fondée sur le sexe, la race ou l'origine ethnique, la religion ou les convictions, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle". Très bien. Le conseil "peut"… nous on souhaiterait "qu'il doive"… De toute manière, cela ne changerait pas grand-chose puisque : "le Conseil statue à l'unanimité"… Et comme on sait, tous les pays de l'UE sont LGBTphiles…

- La démocratie participative : "Des citoyens de l'Union, au nombre d'un million au moins, ressortissants d'un nombre significatif d'États membres, peuvent prendre l'initiative d'inviter la commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu'un acte juridique de l'Union est nécessaire aux fins de l'application de la Constitution" (I-47). Sacrée avancée : on aura le droit d'inviter la commission, si elle le veut bien, et si tant est qu'on représente un nombre significatif d'États membres (à partir de combien est-on significatif ?) à proposer le texte qui lui paraîtra adéquat…


N'y aurait-il pas là comme une immense arnaque ?

Et c'est pour "ça" qu'il faudrait dire OUI à tout le reste ?


Transpédégouines en colère, nous luttons contre les différentes homophobies d'État qui font de nous des sous-citoyenNEs (droit au mariage ? à la parentalité ? dépsychiatrisation des trans' ?). Nulle part dans la constitution ces homophobies d'État ne sont inquiétées.

Transpédégouines en colère, nous sommes féministes et nous refusons une constitution qui stipule le "droit à la vie" (Art. II.62) mais oublie le droit à l'avortement. Nous sommes solidaires des féministes portugaisES, irlandaisEs et polonaisES pour qui la libre disposition de son corps reste encore un délit.

Transpédégouines en colère, nous nous méfions des cadeaux faits aux différents pouvoirs religieux. Nous exigeons une Europe laïque.

Transpédégouines en colère, nous sommes sans-papiers et nous refusons l'Europe de la répression, des extraditions, des expulsions, de la collaboration des Polices.

Transpédégouines en colère, nous sommes des étudiantEs, précairEs, chômeurs/SES, salariéEs, retraitéEs : nous refusons d'acquiescer au libéralisme, à la mise en concurrence des services publics, à l'institutionnalisation de l'inégalité, à la pérennisation du chômage ("le droit au travail" transformé par le "droit à travailler" et par la "liberté de chercher un emploi"), au salut par le marché qui, le texte nous l'affirme sans rire, "favorisera l'harmonisation des systèmes sociaux" (III-209)… Par le haut, très certainement ?

Transpédégouines en colère, nous sommes séropos et nous refusons d'être encore les oubliéEs de l'Europe. Nous savons, au quotidien, ce que le marché fait aux politiques de santé publique.

Transpédégouines militantEs en colère, nous sommes solidaires des combats d'émancipation contre l'hétéropatriarcat et l'hétérosexisme, partout, en Europe : c'est notre manière à nous d'être européeNEs.


Alors le 29 mai prochain, nous voterons NON !

Quitte à rater notre examen de "LGBT-modèle"…






URL de cette page : http://tapages67.org/_pages/com/cp_non_20050522.html

Copyright © TaPaGeS 2007